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« L'Ile au chocolat », paradis du cacao haut de gamme

Pauline Simonet, à Sao Tomé

Une vingtaine de femmes, tout de blanc vêtues, un masque recouvrant le bas de leur visage, décortiquent minutieusement des fèves de cacao. D'autres lavent les fruits qui viennent d'être récoltés. Le tout sous le regard de Claudio Corallo, le patron de cette plantation nichée au coeur de la forêt tropicale. 

Arrivé dans les années 90 sur l'île de Sao Tomé, cet agronome italo-santoméen y a découvert une variété exceptionnelle de cacao. « Après l'indépendance du Brésil, vers 1824, les colons portugais ont amené sur cette île des plants de cacao pour poursuivre leur entreprise lucrative », raconte-t-il. L'archipel de Sao Tomé et Principe, dans le golfe de Guinée, indépendant depuis 1975, est ainsi le premier territoire d'Afrique où a été introduit le cacao.

Une fève deux fois plus chère qu'ailleurs 

« Les Portugais avaient emporté avec eux leurs meilleurs plants. Il suffit de goûter une fève crue pour en être convaincu », assure Claudio Corallo, tendant un petit morceau de cette graine marron, cultivée conformément aux règles de l'agriculture biologique. Un délicat goût d'olive, sans la moindre amertume. Dans la petite chocolaterie familiale et sur ses plantations, il emploie environ 300 personnes. Cet exemple de réussite a fait des émules dans cette ancienne colonie portugaise de 140 000 habitants, principal exportateur mondial de cacao pendant la première partie du xxe siècle. A l'extrême nord de l'île volcanique, en suivant l'unique route qui longe l'océan Atlantique, bordée de pics à la végétation foisonnante, se trouve le domaine de Jeronimo Dias Mota. 

Le Fonds international de développement agricole (Fida), appuyé par l'entreprise française Kaoka, productrice de chocolat raffiné, a lancé en 2001 un programme de soutien à la production d'un cacao biologique portant le label « origine Sao Tomé », dont bénéficie Jeronimo. « Un kilo de cacao bio séché se vend 16 000 dobras (soit 1,10 euro), plus du double du tarif habituel », se réjouit le vieil homme, assis devant l'ancienne maison coloniale qu'il vient de restaurer. 

Mais la production reste faible. Quelques centaines de tonnes de cacao bio sont exportées chaque année de Sao Tomé, vers la France essentiellement. « Des techniciens européens nous ont appris à ne pas utiliser de produits chimiques et à respecter certaines règles pour la cueillette, le temps de séchage et de fermentation », poursuit l'agriculteur. Plus de 750 exploitations familiales bénéficiant de ce projet ont vu leurs revenus annuels croître de plus de 30 %. De quoi redonner espoir aux cultivateurs de ce territoire joliment surnommé l'« Ile au chocolat ».

Florian Silnicki